Antón Arriola, président de Kutxabank, prévoit deux nouvelles hausses des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) pour que « l’inflation s’aligne » et, à partir de 2024, une « baisse qui amènera progressivement les taux d’intérêt vers des niveaux plus normalisés ».
M. Arriola considère que le secteur financier européen est « très robuste », c’est pourquoi il ne croit pas qu’il puisse y avoir des « frayeurs » comme celles qu’ont connues les États-Unis, et il a soutenu que l’Europe devrait « passer d’une supervision des règles à une supervision des risques ».
Arriola a fait ces déclarations à Bilbao, où il a participé à la réunion organisée par Deusto Business Alumni, en collaboration avec PwC, et a fait une présentation intitulée « Une nouvelle impulsion stratégique pour Kutxabank ».
Dans son intervention, interrogé sur l’évolution des prêts non performants, compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, Arriola estime qu’il est « clair » qu’il y aura « encore une hausse » de 25 points de base de la BCE et « peut-être une deuxième, qui dépendra de l’inflation, de l’alignement de l’inflation ».
« Mais il semble que deux hausses seront probablement nécessaires pour que l’inflation s’aligne et, à partir de là, à partir de l’année prochaine, nous verrons une baisse qui ramènera les taux d’intérêt vers des niveaux plus normalisés, qui sont aujourd’hui excessivement élevés », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne les prêts non productifs, Antón Arriola a souligné qu’il est évident que ces taux d’intérêt et l’inflation « ont un impact sur les familles », qui doivent faire « un effort supplémentaire ».
Cependant, il estime que les familles et les individus « résistent très bien », surtout, évidemment, parce que l’emploi « résiste beaucoup mieux que prévu et que l’économie se porte également beaucoup mieux que prévu ».
En ce sens, il a rappelé que les estimations de croissance du PIB pour l’année suivante viennent d’être relevées et que cette évolution permet aux familles et aux particuliers de « tenir », ce qui explique que l’on observe de « très légères » hausses des défaillances, tant chez les particuliers que dans les entreprises.
Selon lui, il suppose que dans les prochains mois il pourrait y avoir « un peu plus de pression », mais il pense que « les ménages pourront tenir » si, comme ils l’espèrent, « l’inflation s’aligne et que les hausses de taux d’intérêt ne vont pas plus loin ».
D’autre part, il a déclaré qu’il considérait le système financier européen comme « très robuste » en termes de « solvabilité et de liquidité » et qu’il ne s’attendait pas à des « frayeurs » comme celles qui se produisent aux États-Unis avec certaines banques.
Cependant, il a souligné qu’aux États-Unis, il existe un « modèle très différent » avec « très peu de supervision » comparé à la supervision « très stricte » qui existe en Europe, et que les banques qui ont eu des difficultés avaient « un modèle d’entreprise et de risque vraiment insoutenable ».
Selon lui, ce qui s’est passé est « une leçon importante pour tout le monde » et est lié à « la vitesse à laquelle les dépôts ont disparu ». Selon M. Arriola, en cas de crise de liquidité, il existe actuellement « deux accélérateurs » qui n’existaient pas jusqu’à présent, l’un étant la banque numérique, qui signifie qu’il est « beaucoup plus rapide de retirer des dépôts », et l’autre étant les réseaux sociaux et la manière dont « les mauvaises nouvelles, même inventées, se propagent à une vitesse stupéfiante ».
Antón Arriola a déclaré qu’en termes de modèle d’entreprise, la situation « n’a rien à voir » avec celle des États-Unis car, tant Kutxabank que le secteur général, ont des dépôts « beaucoup plus fragmentés et stables » et la supervision est « aux antipodes » de celle des banques qui ont connu des difficultés.
Le président de Kutxabak a assuré que la réglementation est « très importante » et a été observée aux États-Unis, bien qu’il estime qu’il est important de « passer d’un contrôle des règles à un contrôle des risques ».
Selon lui, il existe actuellement en Europe un contrôle « excessivement bureaucratique » et « très procédural » conçu pour « respecter tous les points qui sont sur le papier », mais « qui ne se concentre pas sur les risques réels ». « J’aimerais que l’accent soit mis sur les risques et que la supervision soit proportionnelle au niveau de risque de chaque institution », a-t-il déclaré.