Giorgia Meloni contre le BCE? En analysant les mots du long message annoncé aujourd’hui dans l’hémicycle par le nouveau Premier ministre, on peut facilement discerner un ton critique – à la limite de la polémique – à l’égard de la politique agressive de l’Union européenne. la banque centrale sur taux d’intérêt.
Le sujet n’est pas mince, si l’on considère tout d’abord que jeudi 27 octobre, Mme Lagarde et les membres du Conseil des gouverneurs se réuniront pour une réunion cruciale afin de faire face à une inflation dans la zone euro qui affiche désormais une croissance à deux chiffres avec de fortes hausses du coût de l’argent.
Selon les experts, une augmentation de 75 points de base est attendue, ce qui porterait le taux de référence à 2,0 %. Cela signifie que les coûts de financement, également des entreprises et des ménages, vont augmenter, ainsi que la charge d’intérêt de la dette publique.
Giorgia Meloni est bien conscient que la stabilité des comptes fait l’objet d’une attention particulière et qu’un bond des taux pourrait ébranler le marché obligataire national. Qu’a dit le Premier ministre contre le BCE?

Meloni critique la BCE : ses propos sur les taux
Le passage du discours de Giorgia Meloni sur BCE était intéressant et ne laissait pas de place à une grande interprétation : il y a une critique. Parlant de l’inflation galopante, elle a rappelé comment les banques centrales agissent avec des hausses de taux sans précédent et, surtout, après des années de non-intervention.
Plus précisément, elle a expliqué que la décision d’augmenter le coût de l’argent était :
« Une décision considérée par beaucoup comme risqué et qui risque d’avoir un impact sur le crédit bancaire aux ménages et aux entreprises, et qui s’ajoute à celle déjà prise par la Banque centrale elle-même de mettre fin au programme d’achat de titres à revenu fixe sur le marché ouvert à partir du 1er juillet 2022, créant une difficulté supplémentaire pour les États membres qui, comme le nôtre, ont un niveau élevé de dette publique. »
Cette phrase s’inscrit dans le cadre des commentaires du Premier ministre sur la période difficile que traverse l’économie italienne, la priorité étant donnée à la croissance. Et en mettant l’accent sur la dette, qui ne peut pas croître.
La référence à la BCE et son durcissement est principalement lié à la préoccupation des effets sur la dette et s’inscrit parfaitement dans l’approche de défense des intérêts nationaux que Meloni a toujours privilégiée, même au prix de s’opposer aux décisions européennes ou internationales.
Pour mémoire, la bataille contre le MES en est un exemple, tout comme les accusations de contrôle du budget italien par la « troïka » (BCE, FMI et Commission européenne). Il faut souligner que ce sont précisément les relations avec les institutions financières européennes qui font l’objet d’une attention particulière dans ce gouvernement, compte tenu du scepticisme envers les décisions de l’UE de Salvini et même de Meloni ces dernières années.
Bien sûr, l’heure n’est plus à l’euroscepticisme, et la présidente du Conseil et son gouvernement le savent si bien qu’ils ne l’ont pas mentionné de manière flagrante dans le programme ou le discours d’aujourd’hui. On parle d’une plus grande détermination italienne dans les forums de Bruxelles, mais pas d’une rupture.
Il reste cependant à voir comment le marché obligataire, et le spread, réagiront à la décision du jeudi 27 octobre, date à laquelle le Conseil des gouverneurs de l’Union européenne a décidé d’adopter la décision. BCE augmentera à nouveau les taux. Non seulement l’Italie, mais aussi d’autres pays comme la France et la Finlande ont fait part de leurs inquiétudes concernant les hausses de taux agressives de la banque. Le contexte dans lequel Lagarde est non seulement hostile à notre pays perpétuellement endetté, mais présente des risques énormes pour tout le monde avec la crise énergétique, la guerre en Ukraine et la possibilité d’une récession continue.
Il convient toutefois de souligner que, jusqu’à présent, c’est précisément l’Eurotower qui a sauvé l’Italie grâce à ses achats extraordinaires de dette nationale. Giorgia Melonisait, après tout, que le redressement et la crédibilité de l’Italie sont intimement liés à la banque centrale et au système européen. Et des politiques nationales prudentes et efficaces seront nécessaires pour empêcher l’effondrement de la dette.