L’économiste en chef de Banco Santander, Juan Cerruti, et le directeur de CaixaBank Research, Enric Fernández, pensent qu’il n’y aura pas de récession économique en Espagne à cause de l’inflation, et le directeur de BBVA Research, Rafael Doménech, pense qu’il y en aura une mais qu’elle sera « courte et très peu intense ».
C’est ce qu’ils ont considéré lors de la session » Macroéconomie et sanctions » de la XXVIIe Rencontre de l’économie de Castell-Platja d’Aro (Gérone), à laquelle a également participé l’ancien ministre et professeur d’économie Andreu Mas-Colell.
M. Domènech a souligné que tant l’Europe que l’Espagne » ne sont pas tombées en récession » et il estime qu’elles ont fait preuve de résilience face aux effets économiques dérivés du conflit géopolitique, et il voit une augmentation d’un ou deux dixièmes de point de pourcentage du PIB européen possible pour l’année prochaine si l’UE continue à prendre son temps pour entrer en récession, selon ses termes.
Sanctions contre la Russie pour la guerre
D’autre part, ils se sont interrogés sur les conséquences des sanctions imposées à la Russie par l’UE pour avoir déclenché la guerre avec l’Ukraine, qui « ont déjà été notables », selon Mme Fernández.
L’expert de Caixabank a souligné qu' »il est encore trop tôt pour juger si les sanctions ont été efficaces ou non », et considère que l’envoi d’armes à l’Ukraine par les pays de l’UE aura plus d’influence que les sanctions sur une éventuelle fin de la guerre à court terme.
Pour M. Domènech, les sanctions ont montré qu’elles étaient crédibles, ajoutant que « la crédibilité et l’unité dont l’Europe a fait preuve non seulement dans la mise en œuvre des sanctions mais aussi dans leur respect ont été une surprise ».
Mais il a averti que ces sanctions contribuent à la démondialisation, amenant l’UE à « devoir faire face à des coûts énergétiques plus élevés », ce qui pourrait avoir des effets négatifs à long terme.
M. Cerruti a déclaré que les sanctions n’ont pas échoué, mais qu' »il serait trop présomptueux de dire qu’elles ont été un succès », et que les sanctions seules ne résoudront pas le conflit.
Selon lui, les sanctions d’aujourd’hui façonnent la géopolitique de demain, il faut donc les mettre en perspective : « Il ne s’agit pas de mettre en œuvre la sanction la plus efficace aujourd’hui, mais de rechercher les plus efficaces au regard de la géopolitique que nous voulons demain ».